lundi 30 juin 2014

Ferveur populaire, partage d'émotions… restons ensemble pour réussir!

"Dans la communion émotionnelle, les barrières qui séparent les individus s’estompent et les gens font alors l’expérience de la fusion et de l’unité avec la foule (nous sommes tous un !)." (Le Soir, E. Brugraff, 18 juin 2014)

Réussir sa seconde session: découvrez les vertus du groupe!

21.000 spectateurs au stade Roi Baudoin à Bruxelles pour assister au match des Diables rouges contre la Russie, mais aussi 22.000 personnes à Mons ce 15 juin pour participer aux festivités du Doudou, et encore quelque 40.000 joggeurs lors des 20 kilomètres de Bruxelles en mai dernier... Il y a effectivement de quoi souligner  "La ferveur toujours autant populaire en Belgique", pour reprendre l'expression lue ce 23 juin dans le supplément "sports" de La Libre Belgique.

Nous ne contesterons certainement pas cette opinion, que nous pourrions au contraire alimenter en ajoutant les rassemblements Zumba de plus en plus nombreux, et en rappelant l'engouement pour les "cyber" réseaux sociaux interconnectant toujours plus d' "amis" sur la toile.

Profitons justement de ces nouveaux phénomènes sociaux pour en tirer des enseignements susceptibles d'aider les étudiants qui vont devoir affronter cet été une seconde (ou plus exactement une troisième) session d'examens. Ne font-ils pas eux aussi partie de ce monde contemporain au sein duquel la solitude fait de plus en plus figure d'exception? Ne sont-ils pas forcément perdus lorsque, à l'approche d'examens, ils doivent tout à coup se déconnecter, s'isoler, en luttant contre la distraction de plus en plus forte que constitue leur vie sociale?

"[Les hommes] ne vivent pas en société par intérêt, ou par vertu, ou par la force d'une raison autre, quelle qu'elle soit; ils le font parce qu'il n'y a pas pour eux d'autre forme d'existence possible." Tzvetan Todorov, qui écrit ces mots dans son ouvrage La vie commune, est loin d'être le seul à partager cette idée exprimée régulièrement depuis Aristote au moins. L'être humain est un être sociable, reconnaissons-le.

Si l'aspect marketing de la plupart des évènements rassembleurs évoqués ci-dessus n'est sans doute pas négligeable, il est malgré tout possible d'interpréter cette recherche massive de contacts sociaux comme la volonté de sortir de l'individualisme. Mais puisqu'il s'agit là tout simplement d'une tendance innée inscrite en nous, pourquoi s'en étonner? Ce qui nous frappe pourtant c'est l'intensification du phénomène: si les nouvelles possibilités de communication offertes par les progrès technologiques fulgurant expliquent sans doute cette hyper-socialisation ambiante, d'autres facteurs pourraient également intervenir.

Ainsi, on peut penser que le contact avec autrui est important pour évacuer un certain stress, et finalement pour se libérer de toutes sortes d'émotions négatives que nous accumulons à notre insu ou non. Dans une interview, Bernard Rimé explique: "Ce que j’appelle le «partage social d’une émotion» est une situation qui créé un climat de rapprochement entre les personnes très ­bénéfique puisque celui qui parle de son expérience émotionnelle reçoit dans cette situation toute une série de choses très positives. Cette situation ravive les liens affectifs et les renforce. Elle rafraîchit les liens sociaux." Dans son livre intitulé Le partage social des émotions, ce professeur de psychologie à l'Université de Louvain révèle à travers une étude qu'il a réalisée que neuf personnes sur dix ressentent le besoin de partager leurs émotions!

Revenons donc au cas de nos étudiants qui, suite à un ou plusieurs échecs essuyés lors des sessions de janvier et/ou juin, et au terme d'une période de blocus et d'examens stressante (1), se voient certainement submergés par des émotions négatives. Ces dernières sont même susceptibles de provoquer chez eux un découragement profond qui ne ferait que les entraîner dans un cercle vicieux conduisant inexorablement à la répétition de leur échec.

Une des leçons à tirer de l'engouement populaire relaté précédemment, mais aussi de notre besoin de nouer des contacts sociaux, sans oublier le fait que beaucoup de jeunes ne peuvent plus vivre aujourd'hui déconnectés de leurs réseaux d' "amis", serait la suivante: l'étude en groupe peut bénéficier grandement aux étudiants aujourd'hui! Si, en outre, on ajoute que cette expérience permet également un partage social d'émotions, bénéfique à la personne qui a vécu récemment un échec, n'avons-nous pas là une formule "magique" à offrir aux étudiants?

"Étudier en groupe peut vous stimuler pour vous lancer quand vous avez du mal à vous motiver – d'autre part, si vous devez expliquer des concepts difficiles à voix haute, cela vous aidera à distinguer les choses que vous comprenez et celles que vous devez encore revoir, et en formant un groupe pour étudier ensemble, cela vous permettra de mettre en commun vos connaissances sur les définitions de termes et explications de concepts." Voilà par exemple la même idée que celle que nous avançons, telle qu'elle a été proposée aux étudiant(e)s sur le site The Huffington Post (study tip n°5) il y a quelque temps.

Les étudiants qui en font l'expérience constatent eux-mêmes à quel point l'étude en groupe est motivante, stimulante, et globalement bénéfique à leur travail: "Le fait d'étudier ensemble, ça fait... qu'on est motivé", affirme Kurt (2), un étudiant participant au Blocus assisté organisé par l'école d'accompagnement d'étudiants COGITO. Phénomène qu'explique Saïd Rachafi, professeur de physique à l'université de Tétouan et formateur chez COGITO depuis de nombreuses années: "Quand je vois quelqu'un qui travaille j'ai envie de travailler!".

Au départ de la ferveur populaire, bien présente actuellement en Belgique, nous pouvons redécouvrir notre besoin de nouer des relations sociales, besoin d’autant plus important aujourd’hui que nos vies sont bien souvent contaminées par le stress et enfermées dans l’individualisme. Nous pouvons donc affirmer que pour des étudiants, préparer des examens en conservant un niveau de connexion sociale “normal” est tout à fait possible, et que cela permet même un partage bénéfique des émotions négatives (suscitées par l'échec survenu lors des sessions d'examens précédentes). Bref, pour réussir, il vaudrait mieux rester ensemble !


Nathanaël LAURENT
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(1) Voir notre article sur le burn-out des étudiants.
(2) Pour écouter ce témoignage et d'autres, vous pouvez visionner la vidéo suivante:

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