dimanche 22 avril 2012

La science à la rescousse des étudiants

"Le souvenir sera de meilleure qualité si nous avons une raison d'étudier, si nous aimons ce que nous étudions, si nous engageons pleinement notre personnalité au moment de l'apprentissage."


Clés pour la mémorisation: quand le cerveau dévoile ses secrets


Les avancées scientifiques en matière de neurobiologie ne sont pas encore bien connues du grand public tant elles sont récentes, et ce malgré l'effort parfois considérable des chercheurs pour synthétiser et communiquer leurs découvertes. En ce qui concerne l'étude du cerveau, les publications de Jean-Pierre Changeux, de Gerald Edelman, ou encore d'Antonio Damasio sont parmi les plus connues. Nous pouvons pourtant leur adjoindre l'excellent ouvrage de Larry Squire et Eric Kandel (1) qui présente les dernières théories permettant de comprendre la mémoire.

Mais avant d'extraire de ce livre quelques enseignements pertinents pour les étudiants, rappelons brièvement l'enjeu principal que représente la mémoire pour ces derniers. Le marquis de Vauvenargues, essayiste français du début du 18ème siècle, a sans doute atteint la clairvoyance lorsqu'il affirmait ceci:

"Le sot qui a beaucoup de mémoire est plein de pensées et de faits ; mais il ne sait pas en conclure : tout tient à cela."

De fait, à réduire son travail de mémorisation à du "par cœur", l'étudiant découvre tôt ou tard à ses dépends qu'il se situe à côté de ce que l'on attend de lui: faire grandir son intelligence pour la mettre au service des autres.

Lui manquera ce que l'on appelle couramment l'esprit de synthèse: cette capacité à conclure, c'est-à-dire à prendre le recul nécessaire pour capturer l'essentiel afin de pouvoir l'appliquer à des situations nouvelles. Pas question de laisser tomber les détails, bien au contraire: seul celui qui maîtrise le moindre pixel de son cours peut en donner une image satisfaisante!

Passons donc à présent à quelques leçons neuroscientifiques sur la mémoire, susceptibles de nous faire découvrir les comportements permettant de maximiser la rentabilité d'un travail d'encodage de l'information. Vous verrez, l'esprit de synthèse y est toujours présent! Relevons directement quelques indications livrées par Squire et Kandel dans leur compte rendu des bases moléculaires de la mémoire:

1. "L'apprentissage n'est jamais passif ou automatique", mais déterminé par un certain nombre de facteurs: "le nombre de répétitions, son importance, la façon dont nous pouvons l'organiser et le relier à nos connaissances antérieures, et le nombre de rappels de l'information après sa première présentation." (p. 131)

2. Une expérience réalisée sur deux groupes de personnes devant étudier une liste de 8 à 12 mots en se focalisant ou non sur leur signification montre que "le groupe qui a traité la signification se souvient de 2 à 3 fois plus de mots que celui qui a porté son attention sur la forme des lettres". Cette étude révèle "un principe fondamental et universel de l'apprentissage: "nous nous souvenons d'autant mieux que nous traitons un nouveau sujet en profondeur. Le souvenir sera de meilleure qualité si nous avons une raison d'étudier, si nous aimons ce que nous étudions, si nous engageons pleinement notre personnalité au moment de l'apprentissage." (p. 132). Chaque étudiant devrait inscrire cette phrase en grand en face de lui à l'endroit où il étudie... Le corollaire de ce principe est que si l'intérêt est dirigé dans une autre direction que celle de la matière étudiée, le pouvoir de mémorisation sera presque nul! "Au contraire, quand nous décidons de nous souvenir, quand l'apprentissage est intentionnel plutôt qu'incident, nous pouvons augmenter nos chances de former un souvenir robuste et durable en mettant en place des processus d'encodage élaborés lors de la tâche d'apprentissage." (p. 133)

3. "La récupération d'informations est mieux réussie quand le contexte et les indices présents au moment de l'apprentissage sont identiques au contexte et aux indices présents lors de la tentative de récupération. Ce principe peut être utilement appliqué pour se préparer à un examen oral: il est plus efficace d'expliquer à haute voix le contenu à quelqu'un plutôt que de le lire." (p. 139)

4. "Des études récentes ont montré que différents modules cérébraux sont impliqués dans le traitement et le stockage de diverses formes d'information. (...) L'apprentissage scolaire peut-il être amélioré en tirant parti de la nature modulaire du stockage mnésique?" Oui, "en favorisant la capacité des modules à travailler ensemble" : "l'apprentissage distribué (dans le temps) donne souvent lieu à un stockage à long terme plus efficace que l'apprentissage massé." (p. 383). Sachez donc vous y prendre à l'avance, et n'oubliez pas d'organiser comment vous allez distribuer (planifier) votre travail de mémorisation!

(1) L. Squire et E. Kandel, "La mémoire, de l'esprit aux molécules", 2005, Paris, Editions Flammarion.
 

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Pour approfondir le sujet, vous pouvez également apprendre les ficelles de la mémorisation grâce à notre facilitateur d'étude "J'assure la mémorisation" (également disponible avec Amazon).

vendredi 13 avril 2012

Confiance en soi !

Acquérir un sentiment de compétence: tout un programme! 
Voici le message que m'a envoyé tout récemment un étudiant entamant son blocus de Pâques:

"Bonsoir,
Auriez-vous qqs petits "trucs" pour être plus à l'aise vis-à-vis de mes études car je manque bcp de confiance en moi...? Le problème c'est que j'ai l'impression de tjs partir perdante pcq je ne me pense pas capable de réussir à étudier toute une matière pour réussir les exams, etc... Donc c'est un cercle vicieux...
J'espère que vous pourrez m'aider :)

Merci bonne soirée, A.D." (2/4/2012)

Que disent les théoriciens?

Toutes les théories s'accordent à dire qu'il faut développer une motivation intrinsèque plutôt qu'extrinsèque. Cela met déjà en avant l'importance d'éviter la poursuite d'un but de performance qui revient à être motivé par des conséquences (les résultats aux évaluations) plutôt que la tâche elle-même.

Comment agir concrètement?


Il faut donc être motivé par la tâche elle-même, mais comment?


Quelques petits "trucs":

1. Se fixer de petits objectifs à court terme, comme faire une table des matières de ce cours durant les 2 heures à venir, ou rechercher les informations pertinentes de tel chapitre durant les 2 prochaines heures, ou encore réaliser 5 exercices d'ici la prochaine pause.

2. Dès que l'objectif en question est atteint, s'évaluer! Levez-vous ou prenez une feuille blanche et essayez de raconter ce que vous venez de réaliser. Que ce soit de la théorie ou de la pratique, prenez du recul et faites comme si vous étiez vous même le professeur qui enseigne cette matière: "Donc nous venons de voir en premier lieu que ..., et ensuite nous pouvons introduire ..., etc." ou bien "Dans ces exercices nous avons pu appliquer telle et telle règles/formules/stratégies et nous avons constaté et surmonter les difficultés suivantes ..., etc."

3. A la fin de la journée, une révision générale de toute(s) la/les matière(s) apprise(s) est nécessaire. C'est la répétition générale comme avant la première représentation d'une pièce de théâtre. Il faut que toutes les pièces du puzzle retrouvent leur place.

4. Enfin on vérifie avant d'aller dormir l'avancement que l'on a réalisé par rapport au planning prévu: on se rassure, on se motive, on s'encourage, on se glorifie! "Yes, je suis capable d'y arriver! Si je continue comme ça petit pas par petit pas, je vais parcourir des distances énormes et surtout arriver à temps au but final!".

Enfin, laissons-nous guider par la sagesse de ceux qui nous précèdent:

"Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas,
c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles."
(Sénèque, Lettres à Lucilius)

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